Première pose, en Belgique, d’une prothèse artérielle à deux jambages latérales pour le traitement mini-invasive d’un anévrisme dans la cage thoracique

La semaine dernière, au service de chirurgie vasculaire du Centre des maladies cardiovasculaires de l’UZ Brussel, une endoprothèse à deux jambages latérales (artère artificielle) a été posée sur un anévrisme (une forte dilatation de l’aorte thoracique près du cœur d’où partent notamment les vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau) fortement dilatée chez un patient âgé. Il s’agit d’une première en Belgique. Jusqu’il y a peu, elle se faisait uniquement dans le cadre d’une opération à cœur ouvert et seuls les patients jeunes et en bonne santé pouvaient l’envisager en raison des risques élevés et du long processus de rétablissement qu’elle implique. Cette intervention mini-invasive est désormais accessible à des patients qui ont un état de santé moyen.
Aujourd’hui, ce traitement peut aussi être proposé aux patients atteints d’un anévrisme de la crosse aortique qui ne sont pas en parfaite santé
Pour la première fois en Belgique, une endoprothèse (tube en métal couverte de matière synthétique) à deux jambages latérales a été posée au Centre des maladies cardiovasculaires de l’UZ Brussel pour traiter un élargissement de l’artère thoracique (crosse aortique). Il s’agit d’une zone complexe, car c’est près du cœur et car c’est de là que partent notamment les vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau, la moelle épinière et les bras. Une prothèse artérielle a donc été posée chez un patient sans ouverture de la cage thoracique.
Le Professeur Erik Debing, chef du service de chirurgie vasculaire :« Un patient âgé plein d’énergie mais atteint d’un anévrisme de la crosse aortique a reçu une prothèse à deux jambages latérales fabriquée sur mesure. Cette prothèse a été introduite par l’artère fémorale, puis déployée au niveau de l’anévrisme. Les jambages de l’endoprothèse ont été prolongés par des stents (petits tubes extensibles) introduits par les artères du bras et la carotide. Il s’agit d’un travail de précision : pour la mise en place, le cœur peut être arrêté artificiellement au moyen d’un pacemaker pendant 8 secondes. C’est une opération extrêmement délicate, car le risque d’infarctus cérébral n’est jamais loin. »
Cette intervention beaucoup moins invasive qu’une opération à cœur ouvert permet de proposer une solution à des patients incapables de supporter ce dernier type d’opération en raison de leur état de santé. Il s’agit pourtant du traitement classique, mais il est envisageable uniquement chez des patients relativement jeunes et en bonne santé au vu des risques et du rétablissement qui prend du temps, avec un séjour aux soins intensifs. Il nécessite en effet un arrêt du cœur assez long, ainsi qu’un cœur-poumon artificiel et une hypothermie profonde.
D’après les estimations, 7 % des personnes de plus de 65 ans présentant des facteurs de risque souffrent d’un anévrisme de l’artère abdominale et 0,8 % d’un anévrisme dans la cage thoracique.
Un anévrisme correspond à un élargissement localisé (ou poche) d’une artère. C’est l’anévrisme de l’artère abdominale (aorta abdominalis) qui est le plus courant. La crosse aortique se situe dans la cage thoracique, à proximité du cœur, dans une zone d’où partent les artères qui irriguent les bras et le cerveau. Elle peut s’élargir de manière anormale, avec d’énormes risques à la clé. D’après les estimations, 7 % des personnes de plus de 65 ans présentant des facteurs de risque (tension élevée, surpoids, fumer, etc.) souffrent d’un anévrisme de l’artère abdominale et 0,8 % d’un anévrisme dans la cage thoracique.
Les anévrismes passent généralement inaperçus et sont dépistés par hasard, par exemple lors d’une échographie ou d’une TDM demandée pour d’autres raisons.Ils impliquent néanmoins un risque mortel : à partir d’un diamètre de 5 cm, la probabilité d’une rupture est réelle, entraînant une hémorragie interne potentiellement fatale (rupture d’un anévrisme carotidien).
Une prise en charge précoce des anévrismes est indispensable.
Dans les années 90 du siècle précédent, les anévrismes étaient systématiquement traités par chirurgie ouverte (ouverture de l’abdomen ou de la cage thoracique). L’opération consistait à supprimer l’anévrisme et à implanter une prothèse artérielle. Elle s’accompagnait d’un risque élevé d’issue fatale : 5 % de risque de décès pour les opérations d’un anévrisme de l’artère abdominale et jusqu’à 10 % de risque pour une opération de l’aorte dans la cage thoracique.
Ces vingt dernières années, nous avons assisté au passage d’une chirurgie ouverte à un traitement endovasculaire moins invasif. Ce dernier consiste à introduire une endoprothèse (tube en métal et en matière synthétique) comprimée par l’artère fémorale à l’aide d’un appareil à rayons X et à la placer dans l’anévrisme, de manière à ce que le sang ne puisse plus couler à côté. Ce qui empêche l’anévrisme de grandir et de se rompre.Il s’agit d’une procédure relativement simple lorsque l’anévrisme se localise sous les artères rénales. Dans ce cas, le risque de décès après l’intervention est descendu à 0,5 %.
La situation se complique lorsque l’élargissement de l’aorte touche une zone complexe, par exemple au niveau des embranchements du système sanguin qui se dirigent vers les reins, l’intestin, le foie, l’estomac ou la rate. Mais aujourd’hui, ces anévrismes peuvent également être traités en passant par l’artère fémorale au moyen d’une endoprothèse fabriquée sur mesure, dotée d’ouvertures et de jambages au niveau des artères qui irriguent ces organes.
(sur la photo, de gauche à droite : Lieze Pelemans, Dr. Laura Kerselaers, Dr. Alain Vanhulle, Pr. Erik Debing)
Karolien De Prez