L’immunothérapie offre 25 % de chances de guérison du mélanome métastatique 5 ans après le début du traitement

Le mélanome est le cancer de la peau le plus agressif. Jusqu’il y a peu, il connaissait toujours une issue fatale lorsqu’il se propageait dans le corps. Entre 2010 et 2022, sous la direction du Prof. Dr Bart Neyns, des chercheurs de l’UZ Brussel ont suivi près de 300 patients atteints de mélanome métastatique et traités par immunothérapie. À partir d’un délai de 5 ans après le début du traitement, le risque de rechute est devenu presque négligeable chez 25 % des patients. Ce risque est encore plus faible que celui de diagnostiquer une nouvelle tumeur différente. L’équipe de recherche a présenté les résultats de cette étude à l’occasion du congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) qui s’est tenu à Paris la semaine dernière.

Environ 8 % des cancers de la peau sont des mélanomes. Il s’agit de la forme la plus agressive de cancer de la peau et, jusqu’à récemment, elle était toujours fatale si le cancer se propageait dans tout le corps.

Depuis mai 2010, un traitement par immunothérapie est disponible en Belgique pour soigner ce type de cancer. L’immunothérapie consiste à stimuler le système immunitaire du patient pour éliminer les cellules cancéreuses. Les chercheurs de l’UZ Brussel ont entamé une étude observationnelle pour suivre l’évolution de patients sous immunothérapie. Cette étude s’est concentrée sur 292 patients, 139 hommes et 153 femmes. L’âge médian au début du traitement était de 56 ans, avec une fourchette comprise entre 24 ans pour le plus jeune patient et 93 ans pour le plus âgé. La durée moyenne du traitement était de 45 semaines, pour une fourchette comprise entre 3 et 528 semaines.

Entre mai 2010 et mars 2022, ces patients ont été traités par une immunothérapie à base d’un anticorps anti-PD-1, une grande structure protéique qui se fixe à la surface des cellules immunitaires et leur permet ainsi d’éliminer les cellules cancéreuses.

25 % des patients atteints de mélanome métastatique étaient guéris après 5 ans

L’étude a montré que la probabilité d’être et de rester guéri 5 ans après le début du traitement était d’environ 25 %. Chez 35 % des patients traités présentant des métastases, l’immunothérapie a été interrompue après la disparition des métastases sur les examens scanographiques ou en raison d’effets secondaires inacceptables. Le traitement n’a été repris qu’en cas de rechute.

Le risque le plus élevé de mauvaise évolution du mélanome métastatique se manifestait dans les six premiers mois suivant le début du traitement. Une mauvaise évolution signifie que le volume des métastases existantes augmente ou que de nouvelles métastases commencent à se former. Le risque diminuait ensuite progressivement, avec un risque presque négligeable de mauvaise évolution dès 5 ans après le début du traitement.

Le Prof. Dr Bart Neyns, chef du service d’oncologie médicale de l’UZ Brussel, explique : « Ces résultats correspondent à ceux de précédentes études menées par l’industrie pharmaceutique. Les patients que nous avons examinés dans le cadre de notre étude n’ont pas été traités dans ces précédentes études, ce qui confirme que les résultats sont également valables en dehors du contexte expérimental. Certains patients atteints de mélanome métastatique ont été suivis pendant plus de 10 ans, avec des résultats positifs et durables. »

Détection précise et rapide des métastases

L’étude s’est également penchée sur l’apparition de nouvelles tumeurs de la peau (différentes du mélanome pour lequel le patient a été traité) ou dans d’autres parties du corps. Au total, 22 nouvelles tumeurs ont été détectées chez 17 patients au cours de leur suivi. La majorité (13) de ces tumeurs étaient des tumeurs de la peau, qui ont toutes été diagnostiquées et traitées à temps. Neuf étaient des tumeurs non cutanées (notamment des tumeurs de la vessie, du sein, de la prostate et du poumon). Celles-ci ne sont apparues qu’à partir de la deuxième année de suivi.

Le Prof. Dr Bart Neyns ajoute : « Bien qu’il s’agisse de nombres limités, c’est une découverte importante : une nouvelle tumeur n’est pas nécessairement une rechute du mélanome. Cinq ans après le début de l’immunothérapie, le risque pour ces patients de développer une nouvelle tumeur est plus élevé que le risque de rechute du mélanome. Cela confirme les chances de guérison que l’immunothérapie peut offrir à environ un patient sur quatre atteint d’un mélanome métastatique avancé... Mais cela nous confronte également au fait que les survivants de ce qui était autrefois un cancer mortel courent toujours le risque de retomber malades après avoir été guéris, comme d’autres personnes sans leurs antécédents médicaux. »

La recherche sur l’immunothérapie du mélanome se poursuit à l’UZ Brussel et est soutenue par le Fonds Paul De Knop pour l’immunothérapie

Le Prof. Dr Neyns : « La recherche se poursuit, non seulement pour suivre l’évolution à long terme de ce premier groupe de survivants du mélanome par immunothérapie, mais aussi pour mettre au point de nouvelles formes d’immunothérapie dont nous avons besoin pour les trois patients sur quatre pour lesquels le traitement actuel est encore inadéquat. Ce qui est encourageant dans ces études, c’est que nous parvenons à voir chez certains patients une évolution favorable de leur maladie grâce à une thérapie expérimentale complémentaire. Mais avant de pouvoir offrir à chaque patient la perspective d’une guérison, un énorme travail de recherche reste nécessaire. »

 

 

 

 

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