Les patients cancéreux chez qui l’immunothérapie fonctionne le mieux ne peuvent être discriminés

Quelque 200 patients qui souffrent d’une forme de cancer spécifique mais rare (le plus souvent au niveau du gros intestin, mais aussi au niveau d’autres organes) n’ont pour l’instant pas d’accès à un traitement d’immunothérapie qui leur offre d’excellentes chances de s’en sortir et ils n’ont pas de perspective non plus d’obtenir ce remboursement. Le Pr Bart Neyns, chef du service d’Oncologie médicale à l’UZ Brussel, souligne l’importance de ne pas laisser sur le bord de la route ce plus petit groupe de patients en les privant d’une perspective d’avenir. Ce faisant, il se rallie à l’appel que lançaient récemment une série de spécialistes en oncologie via les médias.  

“Grâce à une approche médicale plus personnalisée, nous pouvons traiter ces patients de manière très ciblée par immunothérapie sur la base des caractéristiques moléculaires et génétiques de leur tumeur, avec de fortes chances de succès. C’est par exemple le cas chez un petit groupe de patients (+/-5%) avec un cancer du côlon métastasé, qui ont cette caractéristique génétique particulière. Ce traitement est aussi possible dans d’autres types de tumeurs, comme par exemple le cancer de l’utérus avec la même caractéristique moléculaire de haut grade d’instabilité micro-satellitaire (IMS). Cela nous permet de leur offrir de meilleurs résultats. Dans la recherche clinique internationale à laquelle nous avons participé ces dernières années dans notre Centre d’Oncologie, nous avons constaté des résultats jamais vus et durables de l’immunothérapie dans cette population de patients. Un an après avoir initié l’immunothérapie, le cancer du côlon métastasé avait régressé chez plus de 80% des patients traités et la maladie était toujours chez contrôle chez 77% de l’ensemble des patients”, explique le Pr Bart Neyns.

Au terme des études, les patients dans notre pays n’ont plus accès à l’immunothérapie. Les médicaments ne sont pas enregistrés dans l’UE et les producteurs ne mettent pas ces médicaments à disposition, en l’absence d’enregistrement et sans perspective de remboursement. En bref, les patients, chez qui ces médicaments fonctionnent déjà super bien, sont laissés sur le bord de la route.  

Ne discriminer aucun patient

Les médicaments stimulant l’immunité (lesdits immune checkpoint inhibitors) stimulent l’action du système immunitaire du corps et ont déjà été approuvés pour le traitement d’autres cancers comme le mélanome, le cancer du poumon, le cancer du rein, le cancer de la vessie, les cancers tête et cou et le lymphome hodgkinien. Ils sont aussi remboursés dans notre pays. “Il est extrêmement discriminant et injuste de garder ces médicaments inaccessibles pour le nombre limité de patients ayant des tumeurs avec un haut grade d’instabilité microsatellitaire.  On les prive ainsi des meilleurs soins, avec moins d’effets secondaires, et des meilleures chances de survie”, poursuit le Pr Neyns.

Dans l’attente du remboursement, ces patients dans notre pays n’entrent en considération pour une immunothérapie que dans le cadre d’études cliniques. Dans une étude de phase 1 avec immunothérapie et des cellules dendritiques des patients qui est en cours pour l’instant à l’UZ Brussel, des patients présentant des tumeurs avec instabilité microsatellitaire peuvent avoir accès à l’immunothérapie. Le caractère unique de cette étude est qu’ils reçoivent ces médicaments onéreux à une dose alternative inférieure. “Sur la base de l’expérience que nous avons acquise dans deux études prospectives pour le traitement adjuvant du mélanome avec ce dosage plus faible d’immunothérapie, nous avons constaté que le traitement était aussi actif (1). En termes de coût pour la société et de mise à disponibilité de ces traitements onéreux pour des patients qui sont aujourd’hui laissés sur le bord de la route, cette étude peut donner un résultat positif.  Dans le traitement du mélanome, nous avons en plus constaté que la durée du traitement pouvait être plus courte, sans impacter les résultats pour les patients (2). Chez des patients avec des tumeurs avec instabilité microsatellitaire, nous pensons que le traitement pourrait être de plus courte durée sans altérer les résultats, si bien que les patients ne soient pas traités plus longtemps que nécessaire”, conclut le Pr Neyns.

Recherche clinique à l’UZ Brussel

Les patients qui souhaitent entrer en considération pour une recherche d’oncologie clinique peuvent en parler avec leur médecin traitant ou prendre contact avec le Centre d’Oncologie de l’UZ Brussel (Tél.: 02 477 60 40, E-mail: [email protected]).

La recherche clinique avec les immune checkpoint inhibitors et les cellules dendritiques du patient qui est en cours à l’UZ Brussel recrute pour l’instant de nouveaux patients. Elle est rendue possible grâce au soutien financier de l’association flamande Kom op tegen Kanker et de la Fondation contre le Cancer.

 

REFERENCES:

(1) JK Schwarze et al. ASCO Annual Meeting 2019; dr Schwarze ontving een Annual Meeting Merit Award voor haar onderzoeksresultaten
(2) Jansen Y et al. Annals of Oncology 2019

Gina Volkaert

Responsable communication externe, UZ Brussel

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