La Food & Drug Administration américaine lance une étude internationale sur une nouvelle technique pour le traitement de la tachycardie sinusale inappropriée, une arythmie cardiaque, développée par l’UZ Brussel
Les tout premiers patients au monde ont été traités à l’UZ Brussel dans le cadre de l’étude internationale sur l’ablation hybride ISNT
Le 31 mai 2022, à l’UZ Brussel, la technique d’ablation hybride ISNT a été utilisée pour la première fois au monde sur deux patients dans le but de traiter une tachycardie sinusale inappropriée (TSI), dans le cadre d’une étude internationale menée par la Food & Drug Administration américaine. La TSI est une arythmie cardiaque rare qui se manifeste principalement chez les jeunes femmes. Jusqu’il y a peu, on ne disposait d’aucun traitement réellement efficace. En 2015, le Pr. La Meir, chirurgien cardiaque à l’UZ Brussel, et le Pr. de Asmundis, électrophysiologue, ont développé la technique de l’ablation hybride ISNT, qui consiste à isoler électriquement le nœud sinusal via un cathéter d’une part, et via une endoscopie chirurgicale d’autre part, afin d’apporter une solution aux problèmes d’arythmie cardiaque. Récemment, la Food & Drug Administration américaine a lancé une grande étude internationale sur cette technique, à laquelle participeront 40 centres américains et 5 européens.
La tachycardie sinusale inappropriée (TSI) est une arythmie cardiaque due au nœud sinusal qui génère des battements cardiaques trop rapides, que ce soit au repos ou pendant un effort. Le nœud sinusal est le « pacemaker » naturel du cœur, qui régule le rythme de ses pulsations. La TSI provoque chez les patients de la fatigue, des vertiges et réduit leur capacité à l’effort. Cette affection touche plus de 1 % de la population, principalement les femmes d’une vingtaine d’années.
Bien que cette affection soit souvent transitoire ou puisse être traitée à l’aide de médicaments et d’exercices physiques, l’arythmie cardiaque continue de compliquer le quotidien d’un grand nombre de patients. Par exemple, ces personnes ont des difficultés à travailler ou à étudier pendant des plages horaires classiques.
Jusqu’ici, le traitement consistait à faire ralentir le nœud sinusal par ablation à l’aide d’un cathéter (intervention via un cathéter inséré dans l’aine), mais cette opération se soldait généralement par un échec ou conduisait par la suite à la pose d’un stimulateur cardiaque.
Étude sur la technique d’ablation hybride ISNT réalisée à l’UZ Brussel
En 2015, le Pr. La Meir, chirurgien cardiaque, et le Pr. de Asmundis ont développé une nouvelle technique : l’ablation hybride ISNT. Au cours de cette intervention, l’électrophysiologue insère un cathéter dans l’oreillette droite du cœur via une ponction dans l’aine pour cartographier le nœud sinusal. Simultanément, le chirurgien cardiaque réalise trois lignes d’ablation (cicatrices dans le réseau électrique de l’arythmie) via une endoscopie chirurgicale dans la cage thoracique droite, isolant ainsi électriquement le nœud sinusal des veines caves supérieure et inférieure et de la région située entre ces veines.
Les conclusions positives des expériences menées sur les 50 premiers patients ont été publiées dans l’American Journal of Cardiology et ont incité de nombreuses équipes internationales à se rendre à Bruxelles pour apprendre cette procédure et l’appliquer à leurs patients. Les résultats de l’étude multicentrique réalisée sur plus de 250 patients ont également été publiés dans le Journal of Interventional Cardiac Electrophysiology en avril de cette année. Toutes ces expériences ont mené à la mise en place d’une grande étude par la FDA (Food and Drug Administration), à laquelle participeront jusqu’à 40 centres américains et cinq centres européens. Cette étude est unique parce qu’elle se concentre sur le seul traitement disponible pour cette affection et qu’elle ne porte pas sur une comparaison avec un autre traitement. Le 31 mai, les deux premiers patients au monde intégrés à cette étude ont été traités avec succès à l’UZ Brussel.
Sur la photo : le Pr. Carlo de Asmundis (au centre gauche) et le Pr. Mark La Meir (au centre droit) pendant l'intervention.
Karolien De Prez